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Françoise Grange
artiste plasticienne
La machette coupe les feuilles de bananier
Taillent les branches de papayer
Bercée par le rythme des mouvements
Bercée par mes chants
Merveille s’endort
La tête sur mon dos
Mais les hommes entrent dans la case
Massacrent mon mari et mon fils
Tirent Merveille
Ma petite fille chérie
Par les cheveux
Se jettent sur elle
Enfoncent leur poison
Dans son ventre et dans sa tête
Merveille hurle son dernier souffle de vie
Alors ils viennent vers moi
Me supplicient
Coupent le bras qui se défend
Coupent le sein qui nourrit
Déchirent mon ventre
Et brûlent tout
Je rampe vers la lumière
Et le fruit de leur barbarie
Commence à grandir en moi
Le crocodile m’a attrapé le pied
Et tirée au fond de l’eau
Dois-je jeter l’enfant dans le fleuve ?
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