Françoise Grange
artiste plasticienne
Il s’est approché
Doucement, tout doucement
M’a caressée dans un murmure chaud
Son souffle sur la peau de ma joue
Il a pris du fil de soie, un fil très solide
Il a entouré ma taille avec
Il est descendu avec le fil jusqu’aux chevilles
Et les a attachées
Il a tiré le fil sur toute la longueur de mes jambes
Et l’a noué au fil de taille
Ensuite il est redescendu jusqu’aux chevilles
Et ainsi de suite
Il a alors passé le fil perpendiculairement
Tissant une toile d’araignée fine et résistante
De la taille aux chevilles
Entourant mes jambes et mes cuisses
En un savant entrelacs
Je ne savais pas où il voulait en venir
Il a ceint ma taille avec un corset de satin
Je sentais les baleines rigides
Elles me blessaient, entraient dans ma chair
Y laissaient sans doute
Les traces rouges et bleues d’un marquage au fer
Il a noué les cordons du corset en serrant si fort Que j’ai toussé et suffoqué
Je cherchais l’air
Je cherchais à me dégager
Il m’a embrassée et caressé le visage
Le souffle chaud sur ma joue
La lame froide sur ma peau
Et la brûlure de l’entaille
La chaleur du sang qui s’écoule
Mon regard se porta sur la gangue de soie Entravant mes jambes et
A travers le quadrillage du fil
Je vis s’échapper le tulle et les plumes de ma robe Enfin je pris mon envol
Libre.