Françoise Grange
artiste plasticienne
Murmure de la source
Je laisse mes mains courir
Dans le reflet du ciel
Une pierre tombe et fragmente
Les nuages en ondes circulaires
Bientôt obscurcies par l’ombre des hommes
Je lève la tête et reçois la deuxième pierre
Alors les hommes m’enterrent jusqu’aux épaules
Et je vois le tas de pierres qu’ils ont préparé
Et qu’ils commencent à jeter sur ma tête
Chacune d’ elles entame la peau
Cogne l’os
Les ondes de l’eau sont devenues
Des ondes de douleur infinie
La chair éclate
Le sang gicle et coule
Dans ma bouche
Dans mes yeux
J’appelle les ténèbres apaisantes
Mais mon frère secoue mes épaules
Me force au réveil
M’oblige à la souffrance
Les hommes ont choisi ma longue agonie
Laver l’honneur
Détruire les traces de la faute
La faute
La faute d’avoir été violée
J’ai treize ans
Je m’appelle Layla.